LV2 en crise ? Débloquer l’oral avec les neurosciences

LV2 en crise ? Débloquer l’oral avec les neurosciences

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Depuis plusieurs années, les langues vivantes 2 (LV2) peinent à susciter l’engouement des élèves. Allemand, espagnol, italien ou chinois : dès la classe de 4ème, la motivation s’essouffle, et le niveau général plafonne. La faute à une approche trop scolaire, fondée sur la grammaire et l’écrit, qui marginalise l’oral. Pourtant, la recherche en neurosciences offre aujourd’hui des clés pour repenser l’apprentissage linguistique, notamment à l’oral. Cette réflexion concerne directement les professionnels de l’enseignement et les acteurs de la formation, comme ceux qui proposent des cours d’anglais à Nantes, où l’oral retrouve une place centrale dans la pédagogie.

L’oral, parent pauvre de l’enseignement des langues

Dans le système scolaire français, les évaluations de langues vivantes se concentrent historiquement sur l’écrit. Dictées, conjugaisons, rédactions : les compétences orales passent souvent au second plan. Résultat ? Un lycéen peut très bien obtenir une bonne note en LV2 sans jamais avoir tenu une conversation fluide dans la langue étudiée. Ce décalage entre l’objectif (communiquer dans une langue étrangère) et les moyens mis en œuvre constitue un véritable paradoxe.

Les chiffres sont parlants : selon une étude du Cnesco de 2019, seuls 14 % des élèves de 3ème atteignent le niveau B1 à l’oral en LV2, c’est-à-dire un niveau suffisant pour s’exprimer de manière autonome. Pourquoi un tel écart ? Parce que parler une langue, cela ne s’apprend pas uniquement en la lisant ou en l’écrivant. Cela s’entraîne, comme un sport ou un instrument de musique. L’absence de pratique régulière empêche les connexions neuronales nécessaires à une automatisation de la langue.

Par ailleurs, le manque de confiance et la peur du jugement sont des freins puissants à l’expression orale. De nombreux élèves, même en compréhension écrite solide, se taisent par crainte de l’erreur. Ce blocage émotionnel est un facteur sous-estimé dans l’échec des LV2.

Les apports des neurosciences : comprendre pour mieux apprendre

Les neurosciences cognitives ont permis, ces dernières années, de mieux comprendre comment le cerveau apprend une langue. Contrairement à l’idée reçue selon laquelle les enfants seraient les seuls à pouvoir apprendre facilement, les recherches montrent que la plasticité cérébrale reste active à l’âge adulte. Mais elle exige certaines conditions : motivation, immersion, répétition, et surtout activité orale régulière.

Le professeur Stanislas Dehaene, spécialiste des neurosciences de l’apprentissage, rappelle que « le cerveau apprend en prédisant, en se trompant, puis en corrigeant ses erreurs ». Autrement dit, c’est en parlant, en faisant des fautes, puis en les corrigeant, que l’on progresse. Une méthode passive, centrée sur l’écoute de cours magistraux, ne suffit pas.

Les neurosciences insistent aussi sur le rôle de l’émotion et de l’engagement : un apprentissage réalisé dans un cadre bienveillant, ludique et stimulant favorise la mémorisation. D’où l’intérêt des jeux de rôle, des mises en situation et des interactions spontanées. De plus, les études montrent que l’apprentissage multisensoriel, mobilisant à la fois l’ouïe, la vue et la parole, renforce les connexions neuronales.

Des pistes concrètes pour relancer l’oral en LV2

Face à ce constat, certaines structures innovent. Dans plusieurs établissements, des professeurs de LV2 ont introduit des « laboratoires de langues mobiles », où les élèves peuvent s’enregistrer, se réécouter et progresser. D’autres s’appuient sur des applications de conversation, comme Tandem ou HelloTalk, pour mettre les élèves en relation avec des natifs.

En dehors du cadre scolaire, des initiatives locales prennent le relais. À Nantes, par exemple, certains centres de formation proposent des parcours intensifs axés sur l’oral, s’appuyant sur les principes des neurosciences. Ces cours anglais Nantes misent sur la fréquence, la pratique régulière, et l’interactivité pour faire sauter les blocages. Les formateurs y privilégient les échanges spontanés, les jeux linguistiques, et des feedbacks immédiats pour ancrer durablement les acquis.

Autre outil intéressant : le « shadowing », une technique venue du Japon qui consiste à répéter en temps réel ce qu’on entend dans une autre langue. Cet exercice stimule la mémoire auditive, l’automatisation des structures grammaticales et la fluidité orale. Intégrée à un entraînement quotidien, cette méthode est particulièrement efficace pour renforcer l’accent, la prosodie et la réactivité verbale.

Certaines écoles expérimentent aussi des partenariats avec des établissements étrangers pour organiser des visio-échanges entre élèves. Ces échanges permettent de créer un contexte authentique d’utilisation de la langue, ce que la classe traditionnelle ne permet que rarement. Le lien émotionnel et l’objectif communicatif réel multiplient l’efficacité de ces interactions.

Une transformation nécessaire des pratiques pédagogiques

Pour que les LV2 sortent de l’impasse, il est indispensable de revoir en profondeur les pratiques pédagogiques. Cela passe par une formation continue des enseignants, qui doivent pouvoir se familiariser avec les outils issus des sciences cognitives. Mais aussi par une reconnaissance institutionnelle de l’oral comme compétence à part entière dans les examens.

Certaines réformes vont dans ce sens. Le nouveau bac, par exemple, accorde davantage de place à l’expression orale. Mais le changement doit être plus profond : il s’agit de repenser la place de l’élève, non plus comme simple récepteur, mais comme acteur de son apprentissage.

Les programmes pourraient également intégrer davantage de projets collaboratifs, de travaux oraux en groupe et de mises en scène. Ces approches actives favorisent la prise de parole tout en développant la créativité et la cohésion. Il ne s’agit pas de rejeter l’écrit, qui reste fondamental. Mais de rétablir un équilibre, en permettant à chaque élève de développer une compétence orale utile, motivante et valorisante. Les neurosciences nous montrent la voie : à nous de la suivre pour redonner goût aux langues vivantes, y compris la LV2. C’est une opportunité pour faire évoluer l’enseignement vers plus d’efficacité, de plaisir et de sens.

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Maxime Chauffaille

Passionné par l'éducation et la pédagogie, Maxime Chauffaille consacre son travail à explorer et à partager les meilleures pratiques en matière de formation et d'accompagnement des professionnels. À travers son blog, il propose des réflexions et des conseils sur les métiers de l'éducation et de la formation, en mettant l'accent sur l'importance d'une pédagogie efficace pour le développement des compétences. Fort de son expérience dans le secteur éducatif, Maxime aide ses lecteurs à comprendre les enjeux actuels de la formation et à trouver les meilleures voies pour se perfectionner dans leur domaine.